S’assembler ?
Colloque international
Co-organisation :
Marie CUILLERAI et Guillaume LE BLANC (Paris Diderot/LCSP)
Judith REVEL (Paris Nanterre/Sophiapol)
Que se passe-t-il lorsque l’on s’assemble ?
L’épuisement de la forme historique de la représentation politique, lieu de nouage fondamental de la démocratie moderne, donne aujourd’hui lieu à une série de phénomènes préoccupants – abstentionnisme croissant, épisodes électoraux en forme de « barrages républicains » (on pense à 2002 et 2017 en France) dont, s’il ne s’agit pas de remettre en cause les arguments et la nécessité, on peut interroger l’ambivalence du point de vue du fonctionnement « normal » de la démocratie, prolifération en Europe et ailleurs de populismes variés, retour de groupes ou de partis néo-fascistes, force des discours hyper-nationalistes, dissolution de l’idéal d’une « communauté européenne » censée être fondée sur la paix et la concorde, haine toujours plus grande à l’égard des étrangers, etc. C’est dans ce contexte que la question nous semble, plus que jamais, devoir être posée.
Ces tensions produisent un type de désaffection ambivalent à l’égard du politique. L’attachement intensifié aux incarnations de l’ordre et aux figures providentielles semble s’accompagner de manière symétrique et inverse d’un sentiment de désaffiliation de larges parties des classes populaires. Cette ambivalence souligne les insuffisances présentes de la forme historique de la représentation, et nourrit le déplacement non seulement des votes mais, plus largement, des pratiques démocratiques, aux extrêmes.
Une certaine oblitération de la crise des formes modernes du collectif, s’appuyant sur une universalisation de ses figures les plus connues (le peuple, la nation, l’identité, la langue, la monnaie, les valeurs…), afin d’en dissimuler la remise en cause toujours plus forte, semble parvenir à faire disparaître les différences sociales et les effets d’assujettissement (de classe, de race, de genre), pourtant créateurs d’une souffrance toujours plus grande. Et cependant, c’est aussi en faisant levier sur ces « identités » collectives que les laissés-pour-compte de l’universalité (ou ceux qui se considèrent comme tels) construisent aussi de nouveaux discours et de nouvelles pratiques. Des discours dont il faut percevoir à la fois la volonté de donner forme à ce que le philosophe Jacques Rancière appelle « la part des sans part », et la nature paradoxale – puisque c’est bien souvent en faisant levier sur ces mêmes « identités » (le peuple, la nation, les racines religieuses, la force de la souveraineté, etc.) qu’ils se construisent.
Quelles sont, dès lors, les possibilités et les manières de se constituer autrement en sujet commun aujourd’hui ? Pour tenter d’y répondre, ces trois journées réuniront philosophes, politistes, anthropologues et sociologues, afin de réfléchir, à partir des pratiques et des modes d’organisation expérimentés par un certain nombre de rassemblements contemporains, et plus encore, peut-être, à partir des représentations contemporaines de l’assemblement des singularités, à ce que pourrait être une « démocratisation de la démocratie ».
Avec
Marc ABELES, Fabienne BRUGERE, Antoine CHOLLET, Patrick CINGOLANI, Marie COSNAY, Marie CUILLERAI, Charlotte CUMER, Sonia DAYAN-HERZBRUN, Alisa DEL RE, Hugo DUMOULIN, Elise ESCALLE, Jules FALQUET, Anders FJELD, Vincent GAY, Mona GERARDIN-LAVERGE, Arthur GUICHOUX, Michael HARDT, Samuel HAYAT, Élise HUCHET, Pauline JULIEN, Maria KAKOGIANNI, Christian LAVAL, Guillaume LE BLANC, Camille LOUIS, Muriel MESTANZA, Judith REVEL, Pierre SAUVETRE, Federico TARRAGONI, Xénophon TENEZAKIS, Carlo VERCELLONE
Documents
Calendrier
- lundi 4 mars 2019, 14h-19h, Amphi Turing, Bâtiment Sophie Germain.
- mardi 5 mars 2019, 09h30-19h, Amphi Turing, Bâtiment Sophie Germain.
- mercredi 6 mars 2019, 09h30-19h, Amphi Turing, Bâtiment Sophie Germain.