Que faire de la violence ? Entre processus de paix et état d’urgence
Colloque organisé par le programme ECOS-Nord : « Comprendre les subjectivations politiques aujourd’hui. Expériences et concepts : Colombie / France. »
Sous la responsabilité de Laura Quintana Porras (Universidad de los Andes, Bogotá, Colombie) et Étienne Tassin (Université Paris Diderot, France)
23-24 mars 2016
Université Paris Diderot / Fondation Maison des Sciences de l’Homme
— Argumentaire
Les régimes politiques de la violence auxquels sont soumises nos sociétés diffèrent les uns des autres, mais ils accusent avec évidence une montée en puissance d’un côté (France), un épuisement de l’autre (Colombie), comme en un double mouvement inversé : terrorisme ici, négociations de paix là-bas. Ce qu’on pourrait être tenté d’interpréter comme le passage historique, selon des circonstances évidemment très différentes, d’une violence paraétatique (le conflit entre la guérilla et l’Etat) à une terreur archiétatique (le jeu complice du terrorisme et de l’Etat policier). Non seulement parce que les auteurs de ladite violence terroriste se réclament de la forme étatique (Etat Islamique ou Daesh, au nom du Califat), mais surtout parce que la terreur qu’ils exercent a pour effet le renforcement et la justification de la violence d’Etat sous la forme du recours à l’état d’urgence dont la pérennisation fera de l’état d’exception un Etat d’agression.
Plutôt que de reconstruire le récit historique du caractère inéluctable de la violence terroriste générée par les politiques impérialistes (URSS en Afghanistan, USA en Irak, France en Libye, au Mali, en Syrie, par exemple), on mettra l’accent sur les réponses à la question « Que faire de la violence ? » en interrogeant, dans l’asymétrie des situations historiques, la manière dont à la violence il peut être répondu non par la violence, qui donne toujours raison à l’agression, mais par la politique, c’est-à-dire par des logiques de paix opposées aux logiques de guerre. Car se font face ici, pour le dire simplement, deux postures : le surenchérissement de la violence belliqueuse ou le foisonnement politique de foyers de socialité, c’est-à-dire de civilité.
Un processus de paix est-il une pacification ou son envers politique, si la pacification, elle, ressortit encore à la logique de guerre ? Un état d’urgence est-il une politique ou son contraire, si la politique vise à nourrir un lien social émancipateur au lieu de précipiter l’Etat dans l’urgence de la destructivité ? N’est-il pas remarquable que la violence occulte autant d’un côté le problème politique que pose son surgissement et son usage, qu’elle masque ou décrédibilise d’un autre les politiques susceptibles de prendre ce problème en charge ? Il n’y aurait pas de violence terroriste au sein de la société française sans la déstructuration sociale que semble résumer le nom de « banlieue » ; il n’y aura pas de construction de la paix en Colombie, quoi qu’il en soit des négociations, sans réinvention d’une égalité sociale et un nouveau partage du sensible. Seule la considération de ces enjeux sociaux permet d’envisager une réponse politique à la question : que faire de la violence ?
Mercredi 23 mars
Salle 306, bâtiment Olympe de Gouges, Université Paris Diderot-Paris 7
9h00 : Accueil
9h15 : Ouverture par Laura Quintana et Étienne Tassin
9h30-12h30 Première session
Modérateur : Camille Louis
Étienne Tassin
Politique, violence et terrorisme
Andrea Barrera Tellez et Monica Arias Fernandez
Femmes et paysan-ne-s : lectures critiques sur la « fin de la guerre » en Colombie
Denis Merklen
Les bibliothèques françaises face au conflit et à la violence : réponses et réactions d’une institution politique
12h30-14h00 Lunch
16h00-19h00 Deuxième session
Modérateur : Patrick Cingolani
Laura Quintana
¿Qué hacer con la violencia ? : perplejidades, preguntas y retos desde Colombia hoy
Nadeznha Vanegas
La Colombie après le conflit armé : quelle place aux conflits politiques dans une démocratie qui reste à construire
Jeudi 24 mars
Salle 136, bâtiment Olympe de Gouges, Université Paris Diderot-Paris 7
9h30-12h30 Troisième session
Modérateur : Étienne Tassin
Stéphane Douailler
Du partageable
Anders Fjeld
Désinstitutionnaliser le conflit armé en Colombie : la souveraineté de l’État en question
Lucas Restrepo
Entre politique et punition : le difficile défi de la justice ordinaire du post-conflit
12h30-14h30 Lunch
Calendrier
- mercredi 23 mars 2016, 09h-19h, Salle 306, bâtiment Olympe de Gouges, Université Paris Diderot-Paris 7.
- jeudi 24 mars 2016, 09h30-12h30, Salle 136, bâtiment Olympe de Gouges, Université Paris Diderot-Paris 7.