« J’ai toujours été pour tout être » : Guillaume Dustan ou l’infinité des possibles

À la fin du XXe siècle et au tout début du suivant, Guillaume Dustan (1965-2005) est une personnalité littéraire dont l’aura dépasse le cadre des lettres. Écrivain transgressif, homosexuel méphistophélique, énarque, magistrat, éditeur, il se démultiplie et brouille les pistes.
Prise dans la continuité d’une tradition littéraire française faisant de l’homosexualité un sujet à part entière depuis des siècles, l’œuvre de Guillaume Dustan se voit assigner, par la critique et le public, une place a priori conforme aux autres productions de cette zone spécifique de création. Pourtant, c’est bien en tant qu’élément disruptif qu’il signale son existence au sein du monde littéraire et francophone avec lequel il paraît parfois rompre. Lui qui défendait, par exemple, les droits des minorités, la liberté d’expression ou encore le bareback, laisse, après sa mort, une œuvre hétérogène, difficile d’accès dans son entièreté et dont la transmission n’est facilitée ni par l’entretien de polémiques artificielles ni par les transformations successives que Dustan a fait subir à celle-ci comme à son personnage. Entre queer et classicisme, ses axes de travail et sa façon d’être — ou de se représenter — varient constamment, rendant, de fait, toute synthèse compliquée à effectuer autrement que par la simple — et stérile — addition de ses opinions et de ses petites particularités. Or, une cohérence existe dans son œuvre, et c’est en soumettant cette dernière tant à l’analyse via plusieurs disciplines qu’au travail du concept que nous chercherons à déterminer un eidos commun à tout ce qu’il a été. Ainsi, mettre au jour dans son épitaphe « J’ai toujours été pour tout être » l’impulsion première et l’élan d’une philosophie du devenir-autre sera ce sur quoi notre recherche portera lors de cette rencontre.
Cette journée d’étude devra donc nous permettre d’aborder l’œuvre de celui que la presse généraliste considère souvent comme « le dernier écrivain maudit » en réunissant, pour l’occasion, des intervenants qui ont intimement connu Guillaume Dustan.
PROGRAMME
• 9 h - 9 h 30 :
Anne-Emmanuelle Demartini (Université Paris XIII) : Présentation de la journée
• 9 h 30 -10 h 30 :
Raffaël Enault (Université Paris VII) : « Introduction à Guillaume Dustan »
• 10 h 30 -11 h 30 :
Marie-Anne Frison-Roche (Institut d’études politiques, Paris) : « William Baranes : justice et amitié »
• 13 h 30 -14 h 30 :
Philippe Di Folco (Écrivain, enseignant, scénariste) : « En revenant sur Dans ma Chambre, Je sors ce soir et Plus fort que moi »
• 14 h 30 -15 h 30 :
Ahmed Haderbache (Université de Valence, Espagne) : « Les espaces comme lieux de liberté dans les œuvres Dans ma chambre et Je sors ce soir »
• 15 h 30 -16 h 30 :
Julie Wolkenstein (Université de Caen) : « Dans ma bibliothèque : les lectures de Guillaume Dustan ou ce que l’exhibition de quelques références littéraires dans Nicolas Pages dit de l’autofiction »
• 16 h 30 -17 h 30 :
Tim Madesclaire (Cofondateur de la revue Monstre) : « Guillaume Dustan, écrivain de l’espoir »
Documents
Calendrier
- mardi 28 mai 2019, 09h-18h, Salle M19, Bâtiment Olympe de Gouges.
Journée d’étude